ANNEQUIN 

au fil du temps...  

LES SEIGNEURS D'ANNEQUIN

Pour être seigneur il fallait posséder un ou plusieurs fiefs. Le fief était formé d’un ensemble de terres cultivées ou non, et même bâties, pas nécessairement d’un seul tenant, dispersées ou non sur un ou plusieurs villages. Ces terres n’appartenaient en tout, ou en partie seulement, parfois pas du tout, au seigneur. Dans ce cas les propriétaires devaient au seigneur un droit annuel, un impôt, sur leurs champs ou leurs maisons. A la mort du propriétaire, ou en cas de vente, l’héritier ou l’acheteur, devaient payer également au seigneur un droit, souvent le dixième de la valeur.

Le fief dépendait souvent d’un fief plus important. A la mort d’un seigneur ou à la vente, le nouveau seigneur par héritage ou achat devait payer un relief au seigneur dont dépendait son fief, c’est-à-dire son suzerain.

C’est ainsi que le seigneur d’Annequin était le suzerain de plusieurs seigneurs, ses vassaux, qui possédaient des fiefs tant à Annequin qu’à Sailly, Loos-en-Gohelle, Bully, Bouvigny-Boyeffles, etc…
Lui-même était le vassal du seigneur de Lens, celui-ci vassal du comte d’Artois, ce dernier du roi de France. Quand le château de Lens passa en 1160 de la famille des Comtes de Bourgogne aux Comtes de Flandre, celui-ci fit administrer le comté de Lens par un officier subalterne, le bailli.
Annequin fit partie depuis cette date jusqu'à la révolution, du baillage de Lens.

Le Seigneur d’Annequin possédait la haute-justice, c’est-à-dire qu’il pouvait juger tous les cas importants : assassinat, rapt, incendie, etc…Lui aussi avait sous ses ordres un bailli ou lieutenant qui administrait la seigneurie et remplissait les fonctions de police, de justice et de perception des redevances, et qui était aidé par les hommes de fief, vassaux du seigneur.

Le seigneur d’Annequin avait en propriété une ferme attenante au château, la cense seigneuriale, et des terres qui étaient louées à son censier. Signalons parmi  les droits seigneuriaux les corvées que devaient les paysans, le droit de moudre le blé et de cuire le pain, si bien que le meunier d’Annequin devait payer un droit. Les habitants rachetèrent souvent au seigneur, vers le XVème ou XVIème siècle, le droit de cuire eux-mêmes leur pain.
Annequin était une terre à clocher : le seigneur avait la première place à l’église, un banc dans le chœur, recevait le premier, lui, ou le bailli en son absence, l’encens du curé. Il laissait graver son nom sur les cloches.

LES PREMIERS SEIGNEURS

Le premier seigneur connu d’Annequin serait Liétard d’Annequin en 1070.
Liétard II d’Annequin, souvent cité (1207-1245), fils du premier lit d’une Elisabeth, remariée à Raoul de Milly, a pour épouse Sarah. Il enrichit notamment de ses donations la cure d’Annequin et l’église collégiale de Lens. Son blason, de type équestre, porte un lion rampant.
Son héritière est Isabelle d’Aliennes, dame d’Annequin, héritière de Liétard II et sa nièce. Elle apporte Annequin en mariage à Godefroy I de Lens, troisième fils du châtelain de Lens Bauduin IV. A partir de ce moment cette branche de la famille de Lens prend le nom d’Annequin. Godefroy I meurt vers 1290.

Son fils Bauduin I d’Annequin est cité dans un acte de 1292 avec sa mère Isabelle d’Aliennes, « dame d’Anekin », remariée alors à Bauduin de Guines, seigneur de Sangatte. Il épouse Nathalie, dame de Boyeffles et d’Aix en Gohelle. Il enrichit par la donation d’une terre à Marqueffles l’abbaye de la Brayelle. Il meurt vers 1339.

Lui succède comme seigneur d’Annequin Jean d’Annequin, son fils aîné, qui meurt sans héritier direct.
Son frère, Godefroy II d’Annequin, lui succède.
En 1340, il se mêle aux premières luttes de la guerre de cent ans. En 1341, en garnison à Aire, il se bat contre les troupes flamandes de Robert d’Artois et participe à leur défaite devant Saint-Omer.
Le 9 août 1346, il défend Béthune, visite et fortifie les pays environnants, se fait remarquer dans la défense de Béthune assiégée par les flamands par son courage et son habileté et les force à lever le siège. Il reçoit en récompense de ses services une pension annuelle de 150 livres de parisis du roi Louis. Il a épousé Madeleine (ou Marguerite) d’Azincourt, dont il eut au moins quatre enfants, Bauduin II, Nicolas, Jeanne et Nathalie. Il meurt en 1351.

Bauduin II, fis aîné et successeur de Godefroy II, devient rapidement un des meilleurs capitaines français.         

BAUDUIN II, un grand capitaine de la guerre de cent ans

Fils aîné de Godefroy II d’Annequin, Bauduin II d’Annequin naît entre 1325 et 1330. Il fait ses premières armes avec son père lors de la défense de Béthune contre les flamands en 1346. Bientôt  armé chevalier, il sert sous des capitaines chevronnés. En 1351, sous les ordres d’Edouard de Beaujeu, il se signale vers Saint-Omer par sa valeur dans un engagement contre les anglais qui tiennent Calais. En 1351-1352, il guerroie en Normandie, puis en 1353-1354 en Bretagne où il fait la connaissance du connétable Bertrand du Guesclin.

En 1356, à Poitiers, il se bat courageusement, mais blessé, il est fait prisonnier et accompagne le roi de France Jean Le Bon, dont il devient l’ami dans sa captivité en Angleterre. Nommé chambellan royal, libéré en 1357, il accomplit plusieurs missions secrètes entre le roi et son fils, le futur roi Charles V. La même année, il est fait grand maître des arbalétriers de France et gouverneur de la Flandre wallonne à Lille. Mais il y séjourne très peu, toujours à combattre au service du roi. En février 1358, il accompagne le régent dans la visite des places de Melun, Corbeil, Crécy, Pontoise. En août de la même année, il combat les Navarrais dans la région de Pontoise, mais les français sont taillés en pièces devant Mauconseil le 23. Bauduin réussit à s’échapper et se réfugie à Noyon. Au printemps 1859, il est au siège de Saint-Valéry avec cent hommes d’armes. Après la prise de la ville, Du Guesclin et lui poursuivent les Navarrais, mais sans résultat.

En 1359, Bauduin est capitaine du château de Presles-l’Evêque, près de Laon, puis de la ville de Saint-Quentin. Surpris par les Anglais, il doit se rendre au chevalier Barthélémy de Burghelst, celui-là même qui l’avait déjà fait prisonnier à Poitiers. Libéré contre rançon, il traite à son tour, en janvier 1360, de la délivrance du même Barthélémy de Burghelst, tombé aux mains des Français en Saintonge.

En février 1360, il défend victorieusement le château de Tonnerre contre le roi Edouard III d’Angleterre en personne. Il sert ensuite en Flandre, puis en Bourgogne en 1362. Capitaine de Corbeil à la fin de 1363, il assiège Roulleboise en mars 1364, devient capitaine de Meulan que Du Guesclin a dégagé et accomplit entre temps diverse missions pour le roi.

Au printemps 1364, la situation est tragique en France. Les grandes Compagnies, bandes anglo-navarraises, dévastent la Normandie. Du Guesclin lève une grande armée, avec parmi ses lieutenants, le chevalier artésien Bauduin d’Annequin. Les Français poursuivent leurs ennemis et les rencontrent à Cocherel en mai 1364. Le 16, Du Guesclin engage le combat. Bauduin commande l’aile gauche. Trop porté à ‘avant, il est renversé, blessé, écrasé dans sa lourde armure sous le poids de son cheval et finalement achevé par le chef navarrais Mareuil. Du Guesclin rétablit le combat par le centre et la droite et écrase ses ennemis.
Bauduin d’Annequin fut d’abord enterré à Vernon, ramené par la suite à Lille et inhumé en l’église Saint-Pierre.

Il épousa probablement Anne du Bois et n’eut pas de postérité légitime. Il n’aurait eu qu’un bâtard, Arundel.

Son frère, Nicolas d’Annequin, lui succéda comme seigneur d’Annequin. Lui non plus n’eut pas d’héritier légitime et sa sœur Jeanne d’Annequin hérita d’Annequin avant 1372. C’est la dernière de la descendance des Lens-Annequin. Elle épousa Jean du Bos, ou du Bois, seigneur de Vermelles, qui fut châtelain de Beuvry. Dès 1392, elle était morte.
Les du Bos (ou du Bois) d’Annequin vont conserver Annequin jusqu’au début du XVIIème siècle.

LES DU BOS

Les du Bos - ou du Bois - tirent leur origine ou leur nom du fief du Bois à Phalempin, fief vicomtier du château de Lille. 

Jean du Bos, dit Bosket, est le premier à s’implanter en Artois. Il achète la seigneurie de Vermelles vers 1350 ; il est châtelain de Beuvry en 1360. Il épouse en 1362 Jeanne d’Annequin, sœur de Bauduin II et de Nicolas. Elle meurt en 1392. Elle a deux fils, Jean qui devint seigneur d’Annequin à partir de 1392 et Bauduin qui donna la lignée des seigneurs de Boyeffles et dont les descendants redeviendront seigneurs d’Annequin.

Jean I du Bos, seigneur d’Annequin et de Vermelles, chevalier, entre au service du duc de Bourgogne dont il est conseiller et chambellan. Il est capitaine du château de Lescluse, en Flandre, en 1412. Contrairement à Bauduin II, qui avait combattu les anglais, Jean I du Bos, en bon vassal du duc de Bourgogne, combat aux côtés des anglais contre le roi de France. A Azincourt, en 1415, il est tué avec un grand nombre de chevaliers artésiens.
Il avait épousé Catherine Le Poick, d’une famille lilloise. Il a eu quatre filles, un fils, Philippe qui suit, probablement un autre qui se fit tuer à la bataille de Tannenberg (Prusse) le 15 juillet 1430, dans une bataille qui opposait les Sarrazins, alliés aux Polonais, aux Chrétiens commandés par le Grand Maître de Prusse.

Philippe du Bos, seigneur d’Annequin et de Vermelles, après la mort de son père en 1415, sert aussi la maison de Bourgogne et il est fait chevalier le 30 avril 1422 au cours d’un combat à Pierrepont entre armagnacs (partisans du roi de France) d’une part, anglais et picards (dont il fait partie) d’autre part. En 1427, lors de la guerre que livre en Hollande le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, à Jacqueline de Hainaut, soutenue par Gloucester, les bourguignons mettent le siège devant Amersfoort, siège long et pénible, où le « très vaillant chevalier » Philippe du Bos d’Annequin est tué.
Philippe du Bos avait épousé Jeanne de la Trémouille, dame d’Esquerdes, dont il eut un fils, Jean, qui lui succéda. Elle se remaria avec Jacques de Crévecoeur, dont elle eut Philippe, maréchal de France.

Jean II du Bos, seigneur d’Annequin, Vermelles (et Noyelles à partir de  1468) avait  trois ans à la mort de son père. Il mourut en son château d’Annequin le 22 décembre 1496, dans sa 71ème année. Sa plaque funéraire existait encore dans l’église d’Annequin avant 1914 :

« Cy est le corps de hault et
puissant seigneur Mons.
Du Bos, s. d’Anneqin et vermelle
chlr qui trespassa en son cha-
thiau dudit lieu d’Annequin
le XXIIè jour de décembre
l’an de grace mil CCCC
quatre vinz et seize
au LXXIè an de son
eage. Priez Dieu pour
son âme. » 

Il épousa le 17 octobre 1451 Catherine de Caumesnil et en 1480 une seconde femme Jeanne du Bos, descendante de Bauduin de Boyeffles. Des deux mariages, il eut Jean, qui suit, Antoine, Charles et Barbe.

Jean III du Bos, chevalier, seigneur d’Annequin, Vermelles, Noyelles, Tenques, Béthencourt, Caumesnil et Esquerdes fut grand bailli de Saint-Omer en 1847 et chambellan du roi. Le 9 février 1493, il épouse Louise de Crévecoeur, morte en 1498 et en secondes noces Guye de Brimeu. Il hérita de son oncle le maréchal de Crévecoeur, prit le titre de sieur d’Esquerdes à ce moment et mourut en 1511, laissant deux enfants en bas âge, qui furent successivement seigneurs d’Annequin : Jean IV du Bos, mort en 1515 et  Anne du Bos, décédée en 1516.

Antoine du Bos, frère de Jean III, dit Antoine de Fiennes, comte de Chaumont en Bassigny, devient seigneur d’Annequin en 1516 à l’âge de 47 ans.
Pronotaire apostolique et chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, il est nommé évêque de Béziers en 1490 et prend possession du siège épiscopal le 22 septembre. Il eut à recevoir à Béziers le roi François Ier en 1533. Il mourut le 17 avril 1537.

Charles du Bois recueillit la succession de son frère l’évêque de Béziers et en particulier la seigneurie d’Annequin. Il épousa Claude de Lannoy, dame de Noyelles-les-Vermelles, fille de Jean, seigneur de Mingoval et de Philippine de plaines. Il mourut en 1550. Il eut parmi ses enfants Eustache, qui lui succéda.

Eustache du Bois, seigneur d’Esquerdes, prend ou reprend le nom de Fiennes dont les armes sont identiques à celles des du Bois.
Converti au calvinisme, il prend une part une part active aux troubles qui secouent l’Artois dans le dernier tiers du XVIème siècle. Signataire du compromis de 1566 attribué à Marnix de Sainte-Aldegonde, il est parmi les chefs des Gueux qui soutiennent le Prince d’orange contre l’Espagne qui détient notre région par héritage de Charles Quint. En 1577, il est le meneur du parti orangiste à Saint-Omer avec son lieutenant Antoine Sinoguet et en 1578 il participe aux tentatives calvinistes pour s’assurer le pouvoir à Arras.
Le Conseil des Troubles le condamnent par défaut le 17 mars 1568 au bannissement et à la confiscation de ses biens, parmi lesquels la seigneurie d’Annequin. Ceci est corroboré par une demande du meunier d’Annequin, Michel Vielbled, adressée le 5 mai 1576 aux gens du roi et non au seigneur, du fait que la terre et seigneurie d’Annequin sont confisquées au sieur d’Esquerdes au profit de sa Majesté. Michel Vielbled signale que le moulin à vent, à usage de moudre le blé, a été abattu par une tempête le 22 janvier 1576 et sollicite la réparation du moulin seigneurial.
Sans doute fit-il  sa soumission et récupéra-t-il ses biens. En effet, de sa femme Jeanne de Sainte-Aldegonde il eut un fils Guislain qui est à nouveau en possession d’Annequin. Il meurt en 1596.

Guislain de Fiennes dut se débattre dans de grosses difficultés financières. En effet, la seigneurie de Noyelles est hypothéquée en 1906 et celle d’Annequin est vendue en 1607 à Maximilien de Hornes.
Avec Guislain de Fiennes finit la lignée des du Bos, seigneurs d’Annequin.

LES DU CHASTEL

Maximilien du Chastel, fils de Philippe et de Marie de La Salle, achète en 1607, ou peu après, la seigneurie d’Annequin, en faisant valoir auprès de Maximilien de Hornes sa parenté avec le vendeur et opère ainsi le retrait lignager à l’amiable (en effet, son grand père, Jacques Du Chastel, écuyer, gentilhomme de l’hôtel de l’Empereur, avait épousé Jeanne Du Bos, descendante de Bauduin Du Bos, seigneur de Boyeffles, Dame de La Vacquerie, de La Bourse et de Blangerval, près d’Hesdin).
Devenu Seigneur de Blangerval, d'Annequin, de Noyelles et de La Vacquerie, il fut nommé chevalier en 1615, colonel d’infanterie en 1621, et mourut gouverneur et grand bailli d’Audenarde en 1625. Il avait épousé Suzanne Andréa, dame de Pétrieu, dont il eut deux enfants Charles-François et Jérôme-Philippe.

Jérôme-Philippe du Chastel, qui lui succéda, fut colonel d’infanterie et obtint du roi d’Espagne Philippe IV l’érection de la seigneurie de Blangerval en comté en 1661. Il épousa en premières noces Louise –Alexandrine de Belleforière, morte sans postérité en 1666, et en secondes noces Marie-Anne-Michelle de Gand, fille de Jacques de Gand, marquis de Hem. Il eut trois fils : François-Guilbert-Joseph ; Philippe-Léonor né et baptisé à Annequin le 24 avril 1678 ; Albéric-Adrien-François-Joseph né et baptisé aussi à Annequin le 24 mars 1686. Seigneur d'Houplin, comte de Petrieu, il  mourut le 7 octobre 1749 à Houplin et inhumé dans le coeur de l'église.
François-Guilbert-Joseph du Chastel, comte de Blangerval, seigneur d’Annequin, Noyelles, Vermelles et autres lieux, habite le château d’Annequin comme son père. Il épouse Anne-Françoise-Michelle de Varennes.
Tous leurs enfants sont nés à Annequin :
-Marie-Philippe-Albérique, le 3 août 1698 ;
-François-Guilbert-Joseph-Louis, le 29 août 1699 ;
-Marie-Anne-Joseph, le 6 septembre 1700 ;
-Hubert-François-Marie-Albérique, le 21 janvier 1703 ;
-Albert-Jérôme-Octave-Joseph, le 31 août 1704, mort en bas âge ;
-Marie-Ernestine-Eléonore-Joseph, le 22 mars 1706 ;
-Philippe-Noël, le 24 novembre 1707.

En secondes noces, il épousa Marie-Jeanne Manessier, peut-être fille de son greffier. Ils eurent en 1711 un fils  Guilbert-François-Marie du Chastel, dit le chevalier du Chastel. La mère et le fils durent aller habiter chez un cabaretier, en 1723, à la mort du comte. Elle mourut le 30 novembre 1738 et fut inhumée dans l’église de Cambrin. Pour sa part, le chevalier du Chastel épousa une nièce du curé de Cambrin, Pierre-François Delerue et mourut en 1786.

François-Guilbert-Joseph du Chastel, aîné des garçons, fut comte de Blangerval et seigneur d’Annequin et autres lieux pendant quelques mois et mourut de la suette* le 29 août 1723. Son corps fut inhumé dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste de  l’église d’Annequin.

Hubert-François-Marie-Albérique du Chastel succède à son frère avec les mêmes titres et meurt aussi de la suette le 25 décembre 1723. Il fut inhumé dans la cave de la chapelle seigneuriale, lieu ordinaire de la sépulture des seigneurs.

Marie-Anne-Joseph du Chastel  a un enfant hors mariage de Guillaume Watripont, homme de chambre du défunt comte de Blangerval, qui meurt à 36 ans le 16 août 1723. Elle mourut la même année que ses frères, le 2 décembre 1723, sans doute de la maladie épidémique appelée « suette » qui tua beaucoup de personnes cette année-là.

Après la mort de ses deux frères c’est la fille aînée Marie-Philippe-Albérique du Chastel qui recueillit leur succession et devint comtesse de Blangerval et dame d’Annequin. Avec elle s’éteindra la famille du Chastel à Annequin.

*La suette est une maladie infectieuse épidémique caractérisée par une fièvre importante, une transpiration profuse et une mortalité élevée.         

LES D'ASSIGNIES : les derniers seigneurs d'ANNEQUIN.

Marie-Philippe-Albérique du Chastel, comtesse de Blangerval et dame d’Annequin, Noyelles, Vermelles, épousa François-Eugène d’Assignies, seigneur de Verquin en 1714.

Ils eurent huit enfants :
-Charles-François-Florent, né en 1717 ;
-Eugène-Constant, né entre 1717 et 1724 ;
-Joseph-Alexandre, né en 1719 ;
-Marie-Philippe-Albérique ;
-Eugénie-Albérique, née le 24 juillet 1724 ;
-Jeanne-Marie-Charlotte, née le 17 octobre 1725 ;
-Marie-Elisabeth-Eugénie, née le 13 septembre 1726 ;
-Florent-Albert-François, né le 20 juin 1728.
   
Jeanne-Charlotte est chanoinesse au chapitre de Denain en 1746. Joseph-Alexandre était au moment de sa mort, étudiant à Béthune, tonsuré, dit abbé d’Assignies.
François- Eugène d’Assignies, chevalier, meurt à 43 ans le 19 juillet 1731 et Marie-Philippe-Albérique le 19 janvier 1744. Tous deux sont inhumés dans leur chapelle attenante au chœur de l’église.

Charles-François-Florent d’Assignies, marquis d’Annequin après son grand-père, comte de Bangerval après sa mère, avoué de Thérouanne, seigneur d’Annequin, Noyelles, Vermelles, Verquin, Allouagne et autres lieux, épousa Marie-Madeleine-Joseph-Alexandrine de Tramecourt, fille d’Alexandre-Georges-Joachim, seigneur de Tramecourt, et de Marie-Isabelle-Jacqueline de Béthune-Penin. Ils eurent une fille, Marie-Françoise-Constance-Antoinette d’Assignies, née le 26 juin 1740 à 4 heures de l’après-midi.
A sa mort, à 36 ans, le 15 octobre 1753, il est inhumé dans le cimetière d’Annequin, comme il l’a voulu et, selon la coutume, une litre funéraire est peinte autour de l’église avec son blason surmonté de la couronne de marquis et supporté par deux lions. Une dalle à sa mémoire se trouvait dans la chapelle seigneuriale.

Sa veuve se remaria avec Jacques-Louis-Alexandre, baron de Grimaldi, chevalier de l’ordre de Saint-Louis, lieutenant et commandant pour le roi de la ville et du château de Béthune. Le tronçon de la rue des Messes, compris entre la nouvelle route royale (RN 41) et le château, actuellement rue Roger Salengro, fut pavé et prit, jusq’au début du XXème siècle, le nom de « pavé Grimaldi ». Mort à Béthune le 25 février 1778, le baron fut inhumé à Annequin.

En troisièmes noces, elle épousa le 27 avril 1779 le comte Ange-François de Beaulaincourt, commandant pour le roi à Béthune, capitaine au régiment de Languedoc, chevalier de Saint-Louis, fils de Léon-Ange, seigneur de Bellenville à Beuvry. Né le 10 janvier 1728, il meurt le 17 mai 1791. La lettre qu’il écrit à un cousin pour lui annoncer son mariage vaut d’être rapportée : « Je ne me sers point de secrétaire, cher cousin, pour vous faire part de mon mariage avec Mme la baronne de Grimaldi ; ce n’est point un jeu d’enfant, ais je trouve une aisance, une brave femme qui m’assure un bien être pour toute ma vie, auquel je n’aurais jamais dû pouvoir espérer ; maison à la campagne, maison à la ville ; enfin je n’ay à y porter que mon bonet. Je me regarde on ne peut plus heureux ; dans ma position, j’aurois végété toute ma vie sans avoir aucune aisance ; enfin me voilà au point de tranquillité que je n’avois jamais eu depuis que j’existe. J’ose espérer, cher cousin, que quand vous viendrez à Béthune ou dans les environs, que vous me ferez l’amitié de me venir voir, soit à Béthune, soit à Annequin… ».
Comme on le voit, il était satisfait de son mariage avec une dame fortunée. 
Marie-Madeleine-Joseph-Alexandrine de Tramecourt meurt le 8 août 1783 et elle est inhumée dans la chapelle seigneuriale, qui était désignée jusqu’à sa destruction en 1914 sous le nom de chapelle Madame.

Le 25 octobre 1778, soit peu de temps avant le mariage de 1779, a lieu la bénédiction de la grosse cloche d’Annequin appelée Marie Ange, précédemment offerte, en 1724, par François-Eugène d’Assignies et son épouse, et refondue et parrainée par les futurs époux.

Marie-Françoise-Constance-Antoinette d’Assignies, marquise du nom, comtesse de Blangerval, dame d’Annequin, Noyelles, Vermelles, Verquin, Allouagne et Thérouanne à la mort de son père, épouse à Annequin, le 8 novembre 1756 à minuit François-Ferdinand, comte de Lannoy et du Saint-Empire, baron de Wasnes, seigneur d’Annapes, lieutenant au régiment du roi, avec bon de colonel aux grenadiers de France, né le 3 février 1732 . La mère de François-Ferdinand est parente de Saint-François de Sales. Le comte de Lannoy meurt en janvier 1790.
La comtesse de Lannoy habite souvent son hôtel particulier à Béthune, rue des Petits Becquereaux - rue Louis Blanc actuelle -. Elle est le dernier seigneur d’Annequin.
Les d’Assignies semblent avoir laissé un mauvais souvenir. A Allouagne, dont ils étaient seigneurs, on disait « méchant comme un d’Assignies ».
La Révolution Française abolit les privilèges. La « citoyenne Dassigny » est arrêtée le 16 janvier 1794 sur ordre du comité de surveillance de Béthune, en vertu d’un décret de Lebas et Lebon du 22 nivôse (11 janvier) concernant les ci-devant nobles. Elle vit seule à Béthune puisqu’aucun de ses cinq enfants ne l’accompagne en prison. Elle est dite alors cultivatrice, jouissant d’un revenu de 20.000 livres depuis la Révolution, et n’ayant de relations qu’avec les patriotes et des opinions conformes à la Révolution. Elle est libérée peu après et meurt à Lille le 14 juillet 1805.

Le château fut vendu en 1820 par un membre de cette famille à M. Colombier, de Lille. Il fut démoli vers le milieu du XIXème siècle. 
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les Du Chastel et les d'Assignies ont le plus souvent habité leur château.
Leurs employés et domestiques étaient nombreux. Un bailli exerçait les fonctions  d'officier de justice à leur place. Chacune de leurs fermes seigneuriales à
à Annequin, Noyelles, Vermelles, etc..., étaient louées à un censier faisant  fonction de lieutenant de bailli dans chacun de ces villages, sur les terres relevant du seigneur. Un greffier effectuait toutes les écritures administratives, un sergent tenait le rôle de garde-champêtre sous les ordres du lieutenant.

Les dames avaient des femmes de chambre, les seigneurs des valets de chambre. On note également des gardes d'enfants, une lingère, une servante de cuisine, des servantes  de basse-cour, un maître-cuisinier, un chasseur, un portier ou une portière, un berger, un sommelier, etc...Les seigneurs eurent  également à certaines époques, un aumônier particulier, précepteur de leurs enfants.

PLAN DU CHATEAU  D'ANNEQUIN.