ANNEQUIN
au fil du temps...
LES FAITS MARQUANTS
Nombre de grévistes en octobre 1943.
- Durant la première guerre mondiale (1914-1918).
L’attaque par gaz de la nuit du 25 au 26 septembre 1917
Durant la nuit du 25 au 26 septembre 1917, alors que 2 téléphonistes anglais étaient envoyés dans la mine afin de réparer les lignes téléphoniques endommagées par les travaux français, les allemands se mirent à bombarder le puits N°9 d’abord avec des obus classiques puis à l’yperite. Les mineurs français reçurent l’ordre de remonter. Vers minuit, le 38e régiment de pionniers allemand déversa environ 8 tonnes de chloropicrine, un suffocant utilisé depuis avril 17, dans la fosse N°8 (pour une description de ce gaz on se reportera à l’excellent site dédié à la guerre des gaz). Les systèmes de ventilation, si précieux aux mineurs afin de renouveler l’air au fond des concessions, vont ici se révéler mortels : moins de 4 heures sont nécessaires au gaz afin de parcourir les 6 kms séparant les fosses 8 et 9, et atteindre également le puits de la fosse N°12.
Coupe schématique des galeries et puits entre les fosses 8 et 9. Les distances en x ne sont pas respectées.
D’après History of the Great war - Medical services - Deseases of the war, 1923
Les effectifs présents dans le secteur du puits N°8 et du bure N°5 à ce moment-là sont :
- 7 personnes de la 170th Tunnelling Company plus 2 écouteurs français au niveau -240m du puits,
- 2 mineurs français affectés aux pompes à la base du puits,
- 2 téléphonistes,
- 14 mineurs affectés aux travaux de défense du bure 5.
(Une étude attentive des documents montre que ces effectifs diffèrent légèrement selon que les sources sont anglaises ou françaises).
Le rapport Flandin expose qu’aucune personne n’a pu sortir vivante de la zone située dans l’immédiate proximité du puits 8 (poste d’écoute et ouvriers affectés au pompage de l’eau au niveau -350m), malgré les masques immédiatement utilisées par les anglais. Il était déjà connu des scientifiques français et anglais que la chloropicrine a une fâcheuse tendance à traverser assez rapidement, lorsque les concentrations sont élevées, le caoutchouc des masques M2 français et le tissu des box-respirator anglais alors en services. (On notera qu’à cette époque les craintes concernant la chloropicrine étaient liées au fait que ce gaz pouvait être utilisé conjointement avec d’autres gaz plus toxiques, tels les vésicants. Il aurait ainsi comme rôle de faire retirer le masque étant donné la perméabilité de ceux-ci ... Subtil raffinement de la guerre des gaz !) Sur les 2 téléphonistes, moins avancés dans les galeries, un seul pu regagner le puits N°9 et fut évacué dans un état grave d’intoxication. L’équipe de mineur du bure put regagner le puits 9 bien qu’elle fut légèrement intoxiquée ; elle alerta l’équipe de relève et tous réussirent à remonter les échelles du puits N°9. Mais cette dramatique histoire n’est pas pour autant terminée ...
Les opérations de sauvetage
Lorsque l’alerte fut donnée, et en fonction des récits des quelques survivants, le commandement anglais et la direction des mines de Béthune ont rapidement compris que la probabilité d’extraire des personnes vivantes des galeries était minime. Pour cela, il aurait fallu que les gaz soient déviés par le système de ventilation et que les hommes aient pu se réfugier dans une galerie non ventilée, donc non gazée.
Les anglais vont cependant entreprendre très rapidement une mission de récupération des corps qui durera jusqu’au 1er octobre. Durant ces opérations menées d’abord à partir de la fosse N°9 d’Annequin puis depuis la fosse N°4 de Vermelles, les tunnellers anglais vont tester à leurs dépens l’inefficacité des masques alors en usage. Les appareils respiratoires Tissot ni les respirateurs à oxygène anglais ne pourront pas non plus être employés à cause de leur autonomie incompatible avec les distances à parcourir pour rejoindre la fosse gazée.
Tunneller australien équipé d’un respirateur. On remarque également la cage à canari, utilisé pour la detection des gaz dans les travaux souterrains.
Photo prise à Hulluch en janvier 1918. Collection de l’Australian War Museum.
Plusieurs essais infructueux seront entrepris les jours suivants de l’émission allemande la progression devant à chaque fois être stoppée à cause de la rémanence de la chloropicrine dans les galeries : progression de 1000 mètres le premier jour, 1300 lors de la seconde tentative ... Impossible de rejoindre le bure 5 et de descendre vers le niveau inférieur de la mine où se trouvent probablement les corps.
La photo ci-dessous permet de se faire idée des conditions de progression des sauveteurs dans ces galeries exiguës et gazées, respirateur au visage, dans la lueur blafarde des lampes.
Roulage boisé dans une mine (localisation non précisée). On remarquera le tuyau d’air comprimé au ciel de la galerie. (Coll. E. Gaffard)
Les sauveteurs anglais vont alors faire preuve d’ingéniosité en utilisant leur nouvelles cartouches filtrantes adaptées sur des masques en cuir pris aux allemands et dont le pourtour a été solidement fixé au visage de l’opérateur par du ruban adhésif. Ce dispositif associé à une ventilation puissante des galeries permettra dans la matinée du 30 septembre, de parvenir jusqu’au premier corps au fond du bure N°5. Quelques jours plus tard l’ensemble des dépouilles aura été retrouvée. Après cet épisode, une épaisse maçonnerie sera réalisée dans la galerie de roulage principale isolant les quartiers aux alentours des puits 8 et 8bis. La ventilation dans ce secteur fut également arrêtée. Les ingénieurs français considérèrent qu’une action allemande par cette voie était maintenant impossible. Les allemands feront sauter le cuvelage du puits N°8 puis les chevalements du 8 et 8bis. Ce sont près de 1000 m3 d’eau qui s’infiltrent quotidiennement dans cette partie isolée de la mine qui sera abandonnée au profit des autres quartiers de la concession. Malgré cet épisode, ce sont plus de 450 000 tonnes de charbon qui ont été extraites en 1916-1917 de la concession des Mines de Béthune. Ce chiffre est néanmoins à mettre en regard avec les 2 180 000 tonnes extraites annuellement avant guerre dans cette concession. La compagnie des mines de Béthune sera citée à l’ordre du pays en 1917 et la croix de guerre attribuée aux ingénieurs et ouvriers de cette concession. Il faudra plusieurs années pour que cette concession, comme celles de l’ensemble du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais retrouvent le niveau de production d’avant guerre.
La catastrophe du 2 mars 1943.
I. Les faits.
Mardi 2 mars 1943.
La France connaît sa quatrième année d’occupation allemande. Annequin fait partie du territoire rattaché à l’administration militaire de la Belgique et du Nord dont le siège était à Bruxelles. L’occupation est rude, la population vit sous pression, dans la peur continue et dans le rejet massif de l’occupant. La fosse 9 appartient à la Compagnie des Mines de Béthune. L’exploitation du charbon est quasi exclusivement destinée à l’économie allemande. En 1943, les mineurs, au nombre d’environ 750, ont travaillé 325 jours, dont 20 dimanches et jours fériés, y compris le 1er mai, et ont extrait 259.445 tonnes de charbon. Le 2 mars 1943 à 19 heures 30, un coup de grisou fait 16 morts et 6 blessés, dont 1 en incapacité permanente, dans la grande veine bure. De l’enquête qui s’en suivit (rapport d’accident rédigé par M. Betting Pierre), il apparut que cette catastrophe survenue dans la grande veine bure semblait résulter de la conjonction de trois facteurs :
1°) Présence de grisou. La présence de ce gaz, bien que de faible teneur, avait été relevée, notamment le samedi 9 janvier 1943. Toutefois, malgré les recommandations périodiques de l’ingénieur sur la nécessité de la lampe à flamme pour la détection du grisou, le boutefeu avait négligé de faire la recherche du grisou avant de tirer sa mine.
2°) Aération insuffisante du chantier. L’aération du chantier devait être assurée par un courant d’air dont deux portes maintenaient le circuit ; l’une étant ouverte quand l’autre est fermée. Or, lors de l’accident, l’une des deux portes ne fonctionnait pas et n’avait pas été remplacée par le procédé courant de la pose d’une toile. Ceci eut pour conséquence une aération insuffisante et une mauvaise évacuation du grisou.
3°) Défectuosités sur la ligne de tir. L’un des fils conducteurs ne comportait pas moins de 16 ligatures et de 24 endroits où le fil était dénudé ; quant à l’autre fil, il était dénudé en 20 endroits et comportait 8 ligatures. Au surplus, les deux fils étaient pour partie constitués de vieux fils d’amorce.
Par un jugement du 15 février 1947, le Tribunal Correctionnel de Béthune a considéré que « si le boutefeu, l’une des victimes, avait commis une faute grave en négligeant de faire la recherche du grisou avec sa lampe à flamme avant de tirer sa mine », Eugène GERARD, ingénieur à la fosse 9 à l’époque de la catastrophe, avait omis « de surveiller le matériel du boutefeu » et devait en outre « s’apercevoir que le boutefeu utilisait une ligne de tir dont les défectuosités manifestées ne s’étaient produites ni soudainement ni fortuitement ». Le Tribunal a condamné M. GERARD à une amende de 6000 Frs, mais les faits en cause étant couverts par la loi d’amnistie du 16 avril 1946, le tribunal a déclaré M. GERARD amnistié.
II. Les victimes.
LAQUAY Charles, garde des mines en fonctions à la fosse 9 d’Annequin, est chargé d’annoncer les décès. Charles LAQUAY est décédé le 4 mars 1943, à l’âge de 49 ans ; soit 2 jours après la catastrophe.
BELONIAK Ignace. Né le 7 décembre 1923 à Annequin. Fils d’Ignace Beloniak et de Josepha Solata. Célibataire. Domicilié Cité 9 à Sailly-Labourse. Entré à la fosse 9 le 9 mars 1938 en qualité de trieur.
BURBURE Agathon. Né le 11 août 1890 à Cambrin. Fils d’Anachaisis Burbure et d’Elise Dusautoir. Marié à Jeanne Bigot. Domicilié à Annequin.
BUSSOD Victor. Né le 13 mars 1906 à Bruay en Artois. Fils de Victor Bussod et de Maria Buchart. Marié à Anna Warembourg. Domicilié Cité 9 à Annequin. Entré à la fosse 9 le 16 octobre 1934 en qualité de mineur.
CHARLET Léon. Né le 5 décembre 1922 à Vermelles. Fils de Léon Charlet et d’Augustine Planque. Marié à Elise Dhenin. Un enfant (Henri, de 2 ans).Domicilié à Vermelles. Entré à la fosse 9 le 21 décembre 1936 en qualité de ravanceur.
DAUTRICOURT Richard. Né le 19 septembre 1901 à Bauvin. Fils de Florimond Dautricourt et de Philomène Fauquenoy. Marié à Julienne Leroy. Deux enfants (Renée et Francine, âgées respectivement de 8 et 2 ans). Domicilié à Beuvry. Entré à la fosse 9 le 17 novembre 1919 en qualité de mineur.
DELELIS Victor. Né le 10 novembre 1920 à Beuvry. Fils d’Emile Delelis et de Marie Leleux. Marié à Jeanne Blois. Un enfant (Jean, de 2 ans).Domicilié à Annequin. Entré à la fosse 9 le 15 septembre 1934 en qualité de trieur, puis de ravanceur.
DE MEESTER Auguste. Né le 3 novembre 1890 à Nazareth (Belgique). Fis de Camille De Meester et de Constance De Veene. Marié à Julienne Chastenet. Domicilié à Sailly-Labourse.
DEMOL Joseph. Né le 15 août 1917 à Beuvry. Fils de Sabin Demol et de Marie Turlotte. Marié à Marie Auger. Domicilié à Sailly-Labourse. Entré à la fosse 9 le 10 septembre 1930 en qualité de trieur.
DHENIN Aristide. Né le 29 novembre 1926 à Annequin. Fils d’Aristide Dhenin et de Valentine Coupet. Célibataire. Domicilié à Sailly-Labourse. Entré à la fosse 9 le 26 juin 1941 en qualité de trieur.
GRAGZYCK Stanislas. 50 ans. Célibataire. Domicilié à Sailly-Labourse. Entré à la fosse 9 en 1922.
HANNEDOUCHE Fernand. 17 ans. Célibataire. Domicilié à Sailly-Labourse.
JANQUIN Raymond. Né le 1er février 1903 à Annequin. Fils de Jean-Baptiste Janquin et de Marie Tassez. Marié à Adelina Jacquin. Domicilié à Annequin. Entré à la fosse 9 le 23 décembre 1918 en qualité de ravanceur.
LANNOYE Jean-Baptiste. Né le 15 mai 1909. Fils de Louis Lannoye et d’Anna Ternaux. Célibataire. Domicilié à Festubert.
LATOSI Antoine. Né le 4 janvier 1919 à Eickel (Allemagne). Fils de Franciszek Latosi et de Catherine Mytko. Marié à Raymonde Herin. Un enfant (Jean-Marie, de 2 ans). Domicilié à Sailly-Labourse. Entré à la fosse 9 le 22 juillet 1932 en qualité de trieur.
PIECZYNSKI Jean. Né le 1er février 1924 à Annequin. Fils de Jean Pieczynski et d’ Héléna Kowalski. Célibataire. Domicilié cité 9 à Annequin. Entré à la fosse 9 le 27 mai 1938 en qualité de trieur, puis de rouleur.
WATTERLOT Claude. Né le 14 juillet 1920 à Beuvry. Fils d’Henri Watterlot et de Marthe Valentin. Marié à Marie Compagnon. Domicilié à Beuvry. Entré à la fosse 9 le 17 janvier 1934 en qualité de trieur.
13 mineurs furent tués instantanément de brûlures étendues sur tout le corps et d’asphyxie. Les certificats de décès ont été établis par le docteur Maniez. Les trois autres décédèrent dans les jours qui suivirent (3, 5 et 8 mars) à la clinique de Bully-les-Mines. Les obsèques des victimes furent célébrées le 6 mars 1943. Les mineurs bénéficièrent d’une heure pour assister à la cérémonie des funérailles.
Les grèves : mai juin 1941 et octobre 1943.
- Durant la seconde guerre mondiale (1939-1945).
L’occupation est rude, la population vit sous pression et dans la peur. Les travaux forcés, les déportations, les réquisitions (logements, chevaux, fourrage, ...), le pillage des productions de charbon, la mise en place du STO (service du travail obligatoire), qui contraint les jeunes ouvriers à partir en Allemagne, l’inefficacité du système de rationnement et le développement du marché noir , la perspective d'une annexion au Reich sont autant d'éléments qui conduisent au rejet massif de l'occupant et au développement des réseaux de Résistance.
III. Soutien de la municipalité.
Le conseil municipal, dirigé par Désiré Sénéchal, maire, et composé de MM. Choquet, adjoint, Duvivier, Frantzen, Corbeille, Ghesquière, Lhermitte, Boulet, Castelain, Girault et Duquesnoy, conseillers, exprime sa solidarité et souhaite aider les familles des victimes. « Considérant qu’il reste à répartir une somme de 3000 francs provenant de subventions offertes par les communes du Canton de Cambrin pour les victimes de la fosse 9, le conseil municipal décide, sauf approbation de M. le Préfet, de répartir cette somme entre les familles des victimes de la catastrophe … ».
IV. Catastrophe relatée dans les journaux.
Le Courrier du Pas-de-Calais.
Edition du vendredi 5 mars 1943. « Treize mineurs sont tués au cours d’un coup de grisou à Annequin. Une violente explosion due à un coup de grisou s’est produite au cours de travaux souterrains à la fosse 9 des mines de Béthune, à Annequin, causant la mort de 13 mineurs. Six autres ont été blessés grièvement et trois autres légèrement. M. Daugy, préfet du Pas-de-Calais, accompagné de M. le Sous-Préfet de Béthune, s’est rendu à Annequin où, après s’être incliné devant les dépouilles des malheureuses victimes, il a assuré leurs familles de la sollicitude des pouvoirs publics. Le préfet s’est ensuite rendu au chevet des blessés. Les funérailles des victimes auront lieu samedi à 10 heures». Edition du samedi 6 mars 1943. « Un don du maréchal Pétain. Aussitôt qu’il a appris l’explosion du coup de grisou aux mines de Béthune, le maréchal Pétain a fait téléphoner qu’il mettait à la disposition des familles sinistrées comme premier secours, une somme de 20000 Frs ».
Grand Echo du Nord de la France.
Edition du 6 mars 1943. « Le maréchal Pétain et les victimes du coup de grisou d’Annequin. Dès qu’il a eu connaissance du terrible accident qui vient d’avoir lieu au puits n°9 des mines de Béthune, le maréchal a fait télégraphier au préfet du Pas-de-Calais pour s’enquérir des nouvelles des sinistrés. Il a fait remettre une somme de 20000 Frs aux familles des victimes. Les condoléances et les secours du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais. Le syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, douloureusement touché par la mort brutale des 13 ouvriers mineurs de la fosse 9 des mines de Béthune à Annequin, adresse aux familles des victimes ses condoléances les plus affectées et les prie de croire qu’il prend part à leur immense douleur. Il salue respectueusement ces héros obscurs du devoir et met à la disposition du délégué mineur M. Auguste Minche une somme de 15000 Frs pour être répartie entre les familles éprouvées ».
V. Stèle au cimetière.
Une stèle fut érigée à l’entrée du cimetière en mémoire des mineurs décédés lors de cette catastropohe.
-Mardi 17 juillet 1900 : « à onze heures du soir, un éboulement s'est produit au fond de la fosse 9, dans une veine ou travaillaient plusieurs ouvriers. L'un d'eux, Henri Colmart, âgé de 40 ans, a été complètement enseveli. Quand on est parvenu à la dégager, il avait cessé de vivre. Le Docteur Hu de Vermelles, a constaté qu'il avait eu l'épine dorsale brisée. Colmart qui habitait Annequin, laisse une veuve et deux enfants. » Sources, site de la commune d'Annequin, rubrique Historique.
- Samedi 27 avril 1901 « un accident mortel s'est produit au fond de la fosse n° 9. Un mineur, âgé de 27 ans, Olivier Creton était occupé au haut d'un plan incliné à dégager une pierre qu'il voulait faire tomber. Tout à coup, il perdit l'équilibre et tomba à la renverse. Comme le plan à une inclinaison de 65 degrés, il roula jusqu'au bas à 60 mètres de distance avec le pic dont il se servait. Creton laisse une veuve et cinq enfants. » Sources, site de la commune d'Annequin, rubrique Historique.
- Dimanche 15 septembre 1901 :« un accident s'est produit à la fosse n° 9 ,... les ouvriers Théophile Hazalot (20 ans) et Henri Gallot (25 ans) étaient occupés à monter un appareil au sommet d'une taille lorsqu'ils renversèrent accidentellement un bois de soutènement, ce qui provoqua un éboulement. Hazalot fut enseveli. Une pierre d'environ 200 kilos lui avait défoncé la poitrine, et en se brisant elle avait atteint gallot, lui fracturant le pied droit. » Sources, site de la commune d'Annequin, rubrique Historique.
- Jeudi 22 janvier 1903: « un ouvrier, Pierre Delbarre (28 ans), qui était occupé à boiser une taille de la fosse n° 9, a été pris sous un éboulement et eu la colonne vertébrale fracturée ce qui provoqua son décès. » Sources, site de la commune d'Annequin, rubrique Historique.
-Samedi 12 mai 1906 : Dans la concession de Béthune, un accident mortel s'est produit cette nuit à la fosse n°9, située à Annequin. Les deux frères Sauvage occupés à boiser, ont été pris sous un ébouleraient. L'un est parvenu à s'échapper, mais l'autre, père de quatre enfants, âgé de 30 ans, a été tué sur le coup. Sources, La Croix, 12 mai 1906, page 4 .
-Samedi 5 février 1910 : Au cours d'un éboulement dans une fosse n°9 des mines, à Annequin, un ouvrier a été tué (Duriez 25 ans) et un autre grièvement blessé (plaies multiples sur le corps). Sources, Le Fogaro, 5 février 1910, page 4.
- Lundi 13 novembre 1911: « Henri Derache (20 ans), ouvriers à la fosse n° 9, a été atteint à la tête d'un bloc qui s'est détaché de la voûte d'une taille, est blessé grièvement. » Sources, site de la commune d'Annequin, rubrique Historique .
-Mardi 28 août 1912 : Un terrible accident se produisit, à la fosse n° 9: Un éboulement a enseveli trois ouvriers. « L'un d'eux, Emile Taffin a été tué. Un autre, Léon Guffoy a eu l'épaule fracturée. Quant au troisième, d'origine belge, il en a été quitte pour des contusions sans gravité. » Sources, site de la commune d'Annequin, rubrique Historique.
- De 1893 à 1914.
Vendredi 16 janvier 1925: Macabre découverte dans une mine.
On a remonté, hier, de la fosse n° 9 des mines de Béthune, les cadavres de deux mineurs, M. Emile Chocquart, de Cambrai, et M. Ernest Broutin, d'Annequin, tués le 25 décembre 1917 par les Allemands. Ceux-ci, qui occupaient la fosse n° 8 de la même exploitation, pouvaient, des galeries de cette fosse, envoyer des gaz asphyxiants dans la fosse n° 9 où travaillaient les Français, ou même mitrailler ceux-ci.
Sources, Le Temps, 16 janvier 1925, page 6
Extraits de la réponse écrite le 17 juillet 1945 par l’ingénieur divisionnaire au questionnaire demandé le 27 juin 1945 par le chef de la comptabilité générale de la Compagnie des mines de Béthune.
« Renseignements fournis par le garde de nuit à cette époque:
1°) Importance de la formation FFI : environ 12 hommes
2°) Tous étaient vêtus de toile bleue et masqués. Ils avaient un chef qui ne portait pas d’attributs reconnaissables.
3°) La réquisition a eu lieu entre 11 heures du soir et 2 heures 30 du matin. Les FFI, à pied, ont irruption dans le carreau. Ils ont enfermé les gardes de nuit (non armés) dans le bureau ainsi que le téléphoniste. Ils ont ensuite fracturé les portes du magasin.
4°) Ils ont employé l’intimidation plutôt que la violence. »
Fait de résistance dans la nuit du 29 au 30 août 1944.
Depuis juin 1940, le Nord de la France est occupé par la Wehrmacht et administré directement par les allemands, même si préfets, sous-préfets et administrations dépendant de Vichy demeurent présents. En juillet 1940, le directeur des mines de Lens est chargé par les allemands de coordonner l’activité des différentes concessions et d’organiser le pillage du charbon extrait au profit de l’occupant. En cet été 1940, le chômage est prégnant, la misère est importante, la classe ouvrière est fortement désorganisée après les vagues de répression de l’hiver 1938-1939, puis la mobilisation et l’évacuation devant l’avancée de la Wehrmacht n’ont fait qu’aggraver cette désorganisation. Pourtant, dans le bassin minier, des responsables syndicaux, des délégués mineurs et élus communistes déchus de leurs mandats demeurent sur le terrain. Ils deviendront les pivots d’une Résistance populaire qui, très vite, va naître. Ainsi, dès ce mois d’août, un cahier de revendications est rédigé, susceptible de remobiliser la corporation minière et les populations du bassin minier. Vingt mille exemplaires seront tirés clandestinement. Quinze mille parviendront dans les corons et les fosses. Le retour fin octobre 1940 du dirigeant Auguste Lecœur dans le Pas-de-Calais va accélérer la mobilisation.
Le 1er mai 1941, drapeaux rouges et tricolores pavoisent terrils et chevalements ; faucilles, marteaux et croix de Lorraine ornent les murs… Le 27 mai 1941, c’est la grève ! 100 000 mineurs sur les 143 000 recensés arrêtent le travail pour protester contre les exigences croissantes de l’occupant et la dégradation des conditions de travail imposées par les compagnies qui collaborent et pas mécontentes de prendre une revanche sur le Front Populaire de 1936, reviennent sur les acquis. Elle connaîtra son point culminant le 5 juin avec la grève totale et rassemblera de Bruay-sur-l’Escaut à Bruay-en-Artois, sur les 120 km du sillon minier, plus de 100 000 mineurs. Ce fut la plus importante grève dans l’Europe occupée.
Cinq cent mille tonnes de charbon ne seront pas extraites durant cette grève. Cette grève du 27 mai au 9 juin 1941 témoigne de la capacité de la classe ouvrière et du pe uple à refuser la violence de l’exploitation et la soumission à l’occupant. Les femmes participent activement. Elles dissuadent les « jaunes » de quitter le coron pour aller travailler et lancent plusieurs marches vers les grands bureaux des compagnies minières.
La grève des mineurs de mai-juin 1941 est à cet égard emblématique ; l’arme du conflit social est ainsi employée et le lieu de travail est au cœur des actes résistants des mineurs. Le freinage de la production est la méthode précoce, mais délicate qu'ils utilisent : surveillés, ils s'exposent à la répression et à des pertes de salaire, calculés à la tâche. Des sabotages sur les installations et les trains se produisent, puis s'intensifient à mesure que se renforce la Résistance.
Il faut attendre le second semestre 1943 pour que la baisse de la production s'accentue A l’appel du Comité d’Unité Syndicale et d’Action des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais pour faire notamment la « GREVE DE LA LIBERATION », survient en octobre 1943 (soit quelques mois après le débarquement des alliés en Afrique du Nord en novembre 1942 et la défaite allemande de Stalingrad en février 1943 et quelques mois avant le débarquement en Normandie) un autre conflit d'envergure qui, comme en 1941, mêle revendications prosaïques et rejet de l'occupant, avec un mot d’ordre « Plus une gaillette pour Hitler ». Malgré les mises en garde et menaces de l’Oberfeldkommandantur de Lille et des préfets du Nord et du Pas-de-Calais, plus de 90 % des mineurs (en moyenne, 690 mineurs sur 756) se mobilisent à la fosse n°9 d’Annequin, du 12 au 19 octobre 1943.