ANNEQUIN 

au fil du temps...  

Stèle à la mémoire des victimes de la catastrophe minière du 2 mars 1943

ANNEQUIN ET LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

Le 2 Septembre 1939 : Début de la seconde Guerre Mondiale

 

Le 10 mai 1940, la Wehrmacht attaque par surprise les Pays-Bas et la Belgique qui théoriquement sont neutres. Les armées franco-anglaises interviennent en Belgique. Les Allemands percent la ligne maginaux et se ruent sur la Somme pour encercler les armées franco-britanniques. Ces dernières se replient en direction de Dunkerque pour s’échapper vers le Royaume-Uni.


A Annequin comme partout dans la région, le début de la Seconde Guerre Mondiale est marqué par l’exode des populations belges (que les gens du nord appellent « l’évacuation ») qui souhaitent échapper à l’occupation. La commune acueille quelques réfugiés du départements voisin. Les bombardements sont aussi une constante à partir de 1940, évidemment, les villes sont les plus touchées. A partir de 1942, les bombardements visent des point stratégiques, mais aussi les usines, les noeuds ferroviaires, les ports, etc. L’invasion est marquée par de très violents combats des Ardennes à la côte d’Opale. La résistance des troupes franco-anglaises est forte. Signalons que les combats de retardement qui se sont menés dans notre région (sur l’Escaut, à Lille et sur la ligne des canaux du bassin minier), ont tout de même permis d'évacuer en urgence 340 000 soldats britanniques et français à Dunkerque au cours de l’opération « Dynamo » (26 mai au 4 juin).


Des troupes anglaises stationnent à Annequin. Le soldats britanniques logent chez l'habitant, notamment dans la cité 9. Ces troupes alliés apportent avec elles un peu de ravitaillement (du fromage et d'autres denrées alimentaires) qui réchauffe le coeur et le ventre des annequinois. "Lors de cette période, des liens se sont créés et après la guerre, des soldats anglais sont revenus dans la commune pour saluer leurs amis annequinois" témoigne Pauline Renuy.


Mais les efforts alliés ne suffisent pas à stopper les troupes allemandes qui investissent notre village. "Lorsque les allemands sont arrivés à Annequin, la population a été évacuée. Les gens allaient souvent dans leur famille, dans les villages voisins. Moi je suis allée à Bully. Mais ça n'a pas duré et nous sommes rentrés après trois ou quatre jours" se souvient Pauline Renuy.


L’armistice du 22 juin 1940 marque la plus grave défaite de l’histoire de France. Dès lors, la région est en situation de coma. Les activités économiques sont réduites. L'usine de chaussures et pantoufles située dans le bas d'Annequin ferme définitivement ses portes.
En juin 1940, la France est divisée en plusieurs zones par l’occupant. Les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais sont rattachées au commandement militaire allemand de Belgique, ce que la population perçoit comme une menace d’annexion, à terme, au Reich. Jusqu’à la fin 1941, l’occupant s’efforce de couper toute liaison avec le reste de la France et avec le gouvernement de Vichy.


Les seuls témoignages écrits de l’occupation allemande à Annequin proviennent du registre des délibérations du Conseil Municipal, qui retranscrit un courrier du Préfet datant du 26 juillet 1940 : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que conformément à la demande du conseil municipal, je viens d’accorder à votre commune, sur les fonds mis à disposition par les autorités allemandes supérieures, un prêt de 13 000 reichsmarks … », et en 1941 : « Les autorités d’occupation ont exigé, pour réprimer le braconnage, la nomination d’un garde chasse pour chaque commune ».
Si le conseil municipal de l’époque n’y fait que vaguement allusion, l’Occupation n’en est pas moins rude. Les travaux forcés, les déportations, les réquisitions (logements, chevaux, fourrage, ...), le pillage des productions de charbon, la mise en place du STO (service du travail obligatoire) dès 1940, qui contraint les jeunes ouvriers à partir en Allemagne, l’inefficacité du système de rationnement et le développement du marché noir , la perspective d'une annexion au Reich sont autant d'éléments qui conduisent au rejet massif de l'occupant et au développement des réseaux de Résistance. De par la proximité de l'Angleterre, le département du Pas-de-Calais se trouve en zone de guerre et les troupes ennemies sont beaucoup plus présentes que sur le reste du territoire. Aussi, la Résistance prend la forme de réseaux de renseignements, on cache les soldats alliés. Puis ces réseaux se structurent et se spécialisent dans l'hébergement et le convoyage vers l'Espagne d’aviateurs abattus.


Le parti communiste dissous en 1939 reprend clandestinement son activité et, dans l'ensemble du bassin minier, les militants organisent une grande grève des mineurs (du 27 mai au 6 juin 1941). Cette grève mobilise 80 % des houilleurs de la région. C'est la plus grande grève jamais observée dans un pays occupé. Les allemands la répriment sévèrement. 250 grévistes seront déportés au camp de concentration de Sachsenhausen. La Résistance s'organise aussi à Annequin. Des mineurs se réunissent derrière le terrils, à l'abri des regards. Certains résistants annequinois sont même déportés comme Lucien Meyfroid, qui sera envoyé au camp de Buchenwald, mais aussi Raymond Dubois emmené par les allemands. Quant à Victorien Pottier, il a est fusillé sur la route de Saint Pol. La Résistance annequinoise et acharnée, les rumeurs affirment que les FFI (Forces françaises de l'Intérieur) annequinoises ont abattu des soldats ennemi dans le bas d'Annequin. Mais, ils mènent aussi des actions de répression contre ceux que l'on suspecte de collaborer avec l'ennemi. Pauline Renuy raconte : "Un jour, en rentrant, j'ai vu les FFI fusiller un annequinois sur la petite place devant l'église. Ils le suspectaient de transmettre des renseignements aux allemands car ils portait un nom polonais et parlait bien l'allemand. Après l'avoir fusillé, ils se sont caché dans un café de la rue de l'église. Très vite les allemands sont arrivés en voiture pour rétablir le calme, vitres ouvertes avec un soldat armé d'une mitraillette. En passant devant le café où les FFI s'étaient réfugiés, j'ai pu voir que l'un d'eux était monter sur une table pour observer ce que faisaient les allemands ... ils n'avaient pas peur d'eux". Cependant, l'occupation est dure, la population vit sous pression et dans la peur. "Après une séance de cinéma, les allemands qui cherchaient quelqu'un ou quelque chose, ont aligné tout le monde le long du mur menant au stade et terrorisaient la population. Ils criaient et nous ne comprenions rien. Finalement, ils nous ont laissé partir ... Des troupes allemandes passaient souvent sur la route nationale en direction de Lille. Ils convoyaient des prisonniers de guerre. Certains tentaient parfois de s'échapper mais ils étaient vite rattrapés. Il y en a un qui m'a demander à boire, un anglais. je lui ai donner de l'eau et pour me remercier il m'a tendu un petit sac en velours dans lequel il y avait des médailles" rapporte Pauline Renuy.


Et si, les exploitations minières sont réquisitionnées par les pouvoirs allemands, que le charbon extrait par nos mineurs est aussitôt envoyé en Allemagne, le travail est fait sans zèle. Certains préfèrent même envoyer le charbon sur les terrils, plutôt que de le voir aux mains de l’ennemi. C’est ainsi qu’ils remplissent les berlines de charbon, puis les recouvrent de roches « stériles ». Au tri, les berlines sont alors envoyées vers les terrils.


Le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, est accueilli avec soulagement. Le Nord et le Pas-de-Calais sont libérés en cinq jours (du 1er au 5 septembre 1944) par des troupes britanniques, américaines, canadiennes et polonaises. Comme en 1918, la région se trouve aux premiers rangs pour les destructions subies. Notre commune porte, aujourd’hui encore, des traces de la Seconde Guerre Mondiale. Un blockhaus est d’ailleurs toujours visible dans la rue Fontaine. Ce blockhaus servait très certainement de dépôt de munitions.


Notons également l’inscription suivante, présente sur notre monument aux morts :

 

Déportés et S.T.O. Annequinois :

 

HACHIN Fernand
MEYFROID Lucien
VANDEMBEUCHE Gaston
HANNEDOUCHE Alexis
COMPAGNON Edmond
COUSTENOBLE Amédée
DELAROQUE Gilbert
DUCROCQ Roland
POTTIER Victorien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La catastrophe minière de 1943  

 

Le 2 mars 1943, un coup de grisou à la fosse n° 9 fait 16 morts et 6 blessés. C’est la catastrophe la plus meurtrière que la commune ait connu. Pourtant, la présence de ce gaz n’avait été qu’exceptionnellement constatée dans le quartier. L’accident s’est produit dans une taille au moment d’un tir de mine pour faire tomber le toit. La mine qui avait raté, a été retrouvée intacte après l’accident. Cet accident doit donc s’expliquer soit par un tir d’amorce à l’air libre par le boutefeu pour faire exploser la mine, ou pour vérifier la ligne de tir, soit par une étincelle de court-circuit sur la ligne de tir qui comportait plusieurs parties dénudées. Le conseil municipal exprime alors sa solidarité et souhaite aider les familles des victimes. « Considérant qu’il reste à répartir une somme de 3000 francs provenant de subventions offertes par les communes du Canton de Cambrin pour les victimes de la fosse 9, le conseil municipal décide, sauf approbation de M. le Préfet, de répartir cette somme entre les familles des victimes de la catastrophe … ».

Les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale  

 

Si la guerre est terminée, le quotidien reste assez dur. Il est parfois encore difficile de trouver certaines denrées, d’autant que le coût de la vie augmente. Les annequinois reçoivent des bons de textile et de chaussures. D’autre part, pendant les cinq années de guerre et d'occupation, toute l'activité minière s'est figée. Aucun investissement n'a été réalisé, les outils et machines n'ont pas été entretenus. A la libération, le matériel de production est détérioré, tout doit être remis en état.
En 1944, Le Général de Gaulle fait nationaliser les Houillères (Houillères de Bassin du Nord/Pas-de-Calais) pour favoriser la « bataille du charbon » avec les autres pays européens, et surtout parce que la France a besoin d’une grande quantité de charbon pour reconstruir. Le travail des mineurs est alors glorifié. Cependant, les restrictions alimentaires se perpétuent alors que les mineurs meurent au travail "pour relever le pays". La Reconstruction sera relativement rapide. Malgré cela, les industries traditionnelles de la région (mines, métallurgie, textile) connaissent une crise. Et malheureusement, le Nord et le Pas-de-Calais ne bénéficient que de manière limitée des effets de la croissance française des "Trente Glorieuses". A Annequin, la main d'oeuvre afflue. Le "train des mines", venant de La Bassée, dépose chaque jour des ouvriers qui rejoignent la fosse 9.