ANNEQUIN
au fil du temps...
ANNEQUIN ENTRE DEUX GUERRES
A la fosse n° 9 comme ailleurs, les besoins de main d’œuvre engendrés par l’exploitation du charbon sont tels que les compagnies font appel à la main d’œuvre étrangère. Dès les débuts de l’exploitation minière, des ouvriers belges plus expérimentés, sont venus travailler dans le Pas-de-Calais. Après guerre, quelque 70 000 polonais s’installent dans notre région. Le conseil municipal manifeste alors « son inquiétude au sujet de l’invasion des écoles publiques par la nation polonaise. Le nombre d’élèves s’accroît chaque jour. 28 filles et 33 garçons. Serait-il possible d’y mettre un terme ? ». Notons qu'un baraquement destiné aux polonais est construit, place Ferry. Ceux-ci s'y réunissent le dimanche, pour chanter, danser et boire entre-eux. Ce baraquement leur est exclusivement réservé car l'entrée reste « interdite » aux français.
1921, la commune compte 1804 habitants.
L’automobile se développe ! En 1925, le conseil municipal prend un arrêté pour réglementer l’allure des autos dans la traverse d’Annequin à 12 km/h !
En 1929, le municipalité achète des terrains en vue de la construction d’une nouvelle mairie et d’une salle des fêtes (l'ancienne mairie étant située derrière l'école de la route nationale 41). Le conseil municipal porte ensuite son choix sur le projet influencé par l’Art Nouveau de M. Evrard, architecte agrée de Béthune, qui achèvera notre mairie en mai 1932.
Annequin voit l’ouverture du cinéma Morieux dans la rue Salengro ! Il faut souligner que le cinéma est né en 1895. La commune bénéficie donc assez rapidement de cet équipement qui connaît un succès considérable. Les séances se tiennent le samedi après-midi et le dimanche. Ce cinéma sert aussi de café et par la suite de gallodrome pour les traditionnels combats de coqs. Annequin est alors un village très animé. La fosse fait travailler un grand nombre d'annequinois, mais aussi beaucoup d'ouvriers des villages voisins (Richebourg, Beuvry, Cambrin ...). Un bus réalise d'ailleurs un ramassage des ouvriers des communes alentours alors que d'autres viennent à bicyclette. La rue Salengro est bordée de commerces et de cafés où les mineurs se retrouvent après le travail. Certains cafés offrent même le logement.
Faits divers rapportés par le journal l’Avenir de Lens ou par les registres du Conseil municipal :
Extrait du registre du Conseil municipal du 5 février 1920 : « Le Conseil municipal interprète de la population toute entière sollicite de l'autorité compétente le déplacement de Melle Denis, institutrice stagiaire, pour les motifs suivants : Intempréance, négligence dans le service, manque de tenue. Les parents intéressés ont signé avec une unanimité remarquable la pétition ayant trait au déplacement de Melle Denis. Certains affirment catégoriquement qu'ils ne veulent pas confier leurs enfants à une institutrice aussi peu recomandable. Son déparrt s'impose dans une région où les enfants ont besoin de mâitres expérimentés ». L'appel du Conseil municipal est entendu, puisque Melle Denis est nommée à Noyelles Godault en octobre 1920.
Ecole de la Route Nationale
Harmonie "La Victoire" d'Annequin
Le 15 juin 1922, « l’Harmonie « La victoire » présidée par M. Sergent et dirigée par M. Berche, a obtenu un très grand succès au concours de musique de Lille. C’est ainsi que lui furent décernés un deuxième Premier prix de lecture à vue ; un Premier prix d’exécution, un Deuxième prix en Honneur. Dès que la population d’Annequin apprit que l’harmonie s'était couverte de lauriers, une réception fut organisée. Les sociétées locales, une délégation de la musique de Bully, se portèrent au devant des vainqueurs sur la grand’route de Cambrin. Suite aux félicitations on se rendit au siège où furent servis les vins d’honneur. Un bal très animé termina cette charmante fête ».
Durant les années 1920 et 1930, l'harmonie "La victoire" compte plus de cent musiciens et elle remporte de nombreux prix et récompenses. L'harmonie participe à des concours qui l'emmènent jusque dans le centre de la France. Les répétitions se tiennent au café Vicard puis Laplume. "La Victoire" est de toutes les fêtes de la commune. Chaque 14 juillet, elle mène le cortège des sociétés annequinoises qui rejoint le stade où se tiennent de nombreuses animations : course à brouette, course en sac, course de grenouille et autres jeux.
Dans la soirée du 17 mai 1923, « quatre individus qui étaient ivres ont mis en émoi les corons des fosses n° 9 et n° 13. Armés de bâtons, ils ont parcouru une partie du village menaçant de mort les habitants et endommageant les portes, les fenêtres, et le mobilier. Ils en voulaient surtout aux polonais. Dans leur ivresse furieuse, ils ont mis le feu aux bottes de paille déposées devant l’habitation de M. Vieubled, qui était décédé la veille. Puis, ils ont pénétré dans la maison mortuaire voulant frapper M. Mortreux, cultivateur, et son cousin M. Héripet qui veillaient le mort. Devant l’attitude énergique de Mme Vieubled. Ils se sont en allés. La gendarmerie les recherchait ».
Une très intéressante conférence animée par le Père Lalong, missionnaire en Centre Afrique, s’est tenue, le 16 décembre 1923. « Le sujet de cette conférence été des plus instructifs et l’intérêt a été d’autant plus soutenu que le conférencier connaît admirablement son sujet pour l’avoir vécu lui-même parmi les peuplades qu’il a évangélisé durant de nombreuses années. De plus, son récit était illustré de nombreuses vues projetées sur l’écran. Le conférencier traita d’une manière spéciale ce qui concerne la région de l’Ouganda ... ».
Dans la soirée du 9 avril 1924, Annequin est le théâtre d’un crime affreux. « Une modeste commerçante, âgée de 62 ans, a été froidement assassinée par un gamin de 16 ans et demi, qui avait prémédité son forfait et espérait trouver chez sa victime assez d’argent pour dédommager le patron aux dépens de qui il avait commis de nombreux abus de confiance.
Mme veuve Dumont, née Marie Louise Poillon, avait installé à Annequin, rue Grimaldi, près de la fosse 9, une modeste épicerie. Elle vivait seule. Mme Dumont qui avait une assez bonne clientèle passait pour avoir quelques économies.
L’assassin :
Le meurtrier est Paul Deretz. Il était entré, il y a deux mois, au servie de M. Lemal, boucher à Annequin, qui le chargeaient de visiter la clientèle, tant pour la livraison que pour les recettes … on s’était aperçu qu’il encaissait des sommes plus ou moins importantes chez les clients, mais oubliait de les verser à la caisse de son patron. Il était sur le point de se faire prendre en flagrant délit d’escroquerie, et c’est pour rendre ce qu’il avait volé, qu’il lui vint l’idée de commettre le crime qui nous occupe … Deretz pris un couteau dans la boutique de son patron.
Le drame :
D’après les constatations faites, il résulte que Deretz qui, souvent achetait des bonbons, et pâtisseries, chez Mme Dumont, se présenta chez elle sous prétexte d’un nouvel achat. Sans méfiance, la commerçante se disposa à servir le jeune homme, mais celui-ci brutalement se jeta sur elle dans le comptoir. La pauvre femme engagea une lutte terrible avec son agresseur. Deretz s’acharna sur l’épicière et la frappa au thorax, puis à l’épaule droite : ces deux blessures ont entraînées la mort. Les cris de Mme Dumont effrayèrent le criminel qui laissant tomber son arme, s’enfuit sans avoir pu rien voler. Mme Dumont traversa sa cuisine, sortit dans la rue et vint frapper à la porte de M. Choquet, cabaretier, son voisin en appelant au secours. M. Choquet s’empressa de sortir reçut dans les bras de Mme Dumont qui put encore murmurer « On vient de m’assassiner ». La malheureuse devait bientôt expirer, après avoir pu dénoncer le garçon boucher.
Des recherches furent faites sans retard pour retrouver le meurtrier. Le jeune meurtrier a été arrêté Vendredi dans la matinée à Houdain … Ce drame a causé, à Annequin et dans les communes des environs, une vive émotion. »
La crise des années 1930
La crise économique des années 1930 n’a pas ménagé l'industrie charbonnière, et malgré les progrès de rendement (1250 kg en 1936) et les efforts de modernisation et de restructuration menés par les 18 compagnies minières réunies au sein du Groupement des Houillères, la production commence à décliner. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le bassin produit 32 millions de tonnes de charbon, 60% de la production et 40% de la consommation nationale. Cette crise qui a débuté aux Etats-Unis en 1929, touche la France quelques années plus tard. En 1935, le conseil municipal d’Annequin tente de réduire les effets de cette crise en demandant au préfet la suppression des taxes communales.
Mais la vie n'est pas que privation et les annequinois profitent aussi de moment de joie et de fête. D'ailleurs, le Tour de France Cycliste traverse la commune en empruntant la route nationale 41, dans l'après midi du 27 juin 1933. Un évènement qui est resté dans la mémoire de nos anciens !
Quant au club de football La Fraternelle, ils enchantent toujours autant les annequinois avec des joueurs dont le nom évoquera bien des souvenirs à certains. Paul Vostajek, Robert Carelle, Jules Delehaye, Hennebelle et bien d'autres portent haut les couleurs d'Annequin !
La Fosse 9 - 1926
L'équipe de Football "La Fraternelle" - 1923